Il y a du nouveau du côté de la recherche portant sur les édulcorants. Une récente étude publiée dans The journal of nutrition rapporte des résultats intéressants.
Stevia Beverage Consumption prior to Lunch Reduces Appetite and Total Energy Intake without Affecting Glycemia or Attentional Bias to Food Cues: A Double-Blind Randomized Controlled Trial in Healthy Adults
Ce que la nouvelle étude rapporte : La consommation de boissons sucrées au stévia avant le dîner réduirait l’appétit et l’apport énergétique total sans affecter la glycémie ni biaiser certains signaux de faim et de satiété.
Allons donc décortiquer celle-ci.
Lien vers l’étude ici : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32125421/
Petit rappel : une seule étude ne permet pas d’établir des conclusions définitives à propos d’un sujet. Il faut avoir plusieurs études dont les résultats vont dans le même sens.
Les édulcorants sans calorie, comme le splenda, l’aspartame et le stévia sont fréquemment utilisés en contexte de gestion du poids. Bien que l’utilisation des édulcorants pour remplacer le sucre tend à réduire l’apport calorique quotidien, leurs effets sur certains aspects physiologiques et psychologiques ne sont toujours pas clairs. Or, est-ce que le stévia pourrait être une alternative intéressante? Il existe peu de données sur cet édulcorant naturel.
Qu’est-ce que le stévia?
Le stévia est une plante. Son nom scientifique est stevia rebaudiana. Il est originaire d’Amérique du Sud contenant 10 composés, dont les plus connus sont le stévioside et le rébaudioside A (appelés des stéviolglycosides). Ce sont ces composants qui confèrent au stévia son pouvoir sucrant, qui est de 200 à 300 fois celui du sucre blanc, sans fournir de calories. (1)

Fait intéressant : au Japon, le stévia est utilisé depuis plus de 30 ans comme principal édulcorant alimentaire naturel, à la suite du retrait dans ce pays des édulcorants synthétiques comme l’aspartame (1).
Caractéristiques de l’étude
Design : étude de type randomisée contrôlée à double insu.
Participants : 20 adultes en santé ont reçu au hasard 5 traitements tests étalés sur 5 jours. Les traitements tests comprenaient :
- 330 ml d’eau (contrôle)
- Eau + 40 g de glucose
- Eau + 40 g de sucrose
- Eau + 40 g de maltodextrine
- Eau + 240 ppm de stévia
Les participants devaient boire le breuvage assigné. Lorsque 30 minutes s’étaient écoulées, un dîner leur était servi et ils avaient comme consigne de manger jusqu’à satiété.
Résumé des résultats
L’apport calorique consommée au dîner était significativement plus élevée suite au test avec de l’eau seule, comparativement à toutes les autres boissons. Toutefois, l’apport calorique au dîner avec le breuvage sucré au stévia (sans calories) ne différait pas des tests des autres boissons sucrées (contenant des calories). (Graphique A) Lorsque les calories provenant des boissons sucrées (contenant des calories) étaient prises en compte dans l’apport énergétique total, le test comprenant la boisson au stévia entraînait une réduction de 100 calories comparativement aux autres boissons. (Graphique B)

Toutes les boissons sucrées (stévia et autres agents sucrants) ont eu des effets similaires sur les signaux de faim, de satiété, sur le désir de manger et l’envie de manger. En ce sens, les participants avaient moins faim, se sentaient plus rassasiés et leur désir de manger était moins élevé, comparativement au test avec de l’eau seulement. Les niveaux de glycémie (taux de sucre sanguin) étaient élevés suite aux tests contenant les boissons sucrées (glucose, sucrose et maltodextrine) par rapport à l’eau seule et à la boisson de stévia, qui eux, n’ont pas eu d’impact significatif sur la glycémie.
Enfin, aucune différence n’a été observée en ce qui concerne les biais alimentaires (attentional bias) selon le type de boisson consommée. En d’autres mots, les choix alimentaires des participants n’étaient pas influencés par les breuvages consommés. Des études à plus long terme sont nécessaires pour déterminer les effets à long terme de la consommation de boissons sucrées au stévia sur l’appétit et la gestion du poids corporel.
Limitations de l’étude
L’étude a examiné seulement un type d’édulcorant, soit le stévia. Ainsi, les résultats ne sont pertinents que pour cet édulcorant spécifique. Les différences entre les édulcorants doivent être considérées en raison de leurs différences au niveau de l’absorption, du métabolisme, de leur excrétion et leurs effets sur le poids corporel (2). Enfin, les chercheurs n’ont malheureusement pas mesuré l’apport calorique quotidien total des participants. En ce sens, on ne peut exclure la possibilité que les participants aient pu compenser les calories « économisées » au dîner plus tard dans la journée.
À retenir
Ces résultats suggèrent que la consommation de stévia peut affecter l’appétit et ainsi diminuer l’apport énergétique total au repas sans induire une hausse rapide de la glycémie. En ce sens, les édulcorants non nutritifs peuvent être des substituts pertinents aux sucres ajoutés et peuvent contribuer à la gestion du poids. Bien sûr, comme pour toute autre chose, la modération est toujours de mise.
Références :
- Institut national de santé publique du Québec. https://www.inspq.qc.ca/toxicologie-clinique/le-stevia-un-edulcorant-naturel
- Higgins KA, Mattes RD. A randomized controlled trial contrasting the effects of 4 low-calorie sweeteners and sucrose on body weight in adults with overweight or obesity. Am J Clin Nutr 2019;109(5):1288–301.