L’huile de noix de coco a grandement gagné en popularité durant les dernières années et demeure relativement populaire. Malgré quelle soit riche en gras saturés, elle est souvent vantée comme étant bénéfique pour diminuer le cholestérol sanguin ainsi que l’inflammation, comparativement à d’autres huiles, comme l’huile d’olive. Or, la science n’a pas toujours été en accord avec ces affirmations. Les études publiées sur le sujet nous rapportaient que l’huile de noix de coco était plutôt neutre, c’est-à-dire qu’elle n’était pas bénéfique ni néfaste pour le cholestérol sanguin. En tant que nutritionniste, j’avais tendance à la placer derrière l’huile d’olive, suggérant de la consommer avec modération.
Cependant, de nouvelles évidences solides viennent de s’ajouter aux connaissances actuelles et rapportent que l’huile de noix de coco n’est pas une huile si neutre que ça. En fait, la consommation d’huile de noix de coco augmenterait les niveaux de LDL (mauvais cholestérol), comparativement aux autres huiles non tropicales. Rappelons que le cholestérol LDL est celui qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires. L’étude en question est une revue systématique et méta-analyse d’essais cliniques publiée en janvier 2020 dans la revue Circulation (1). Ce type d’étude en question est majeur en termes d’évidence, car les chercheurs ont révisé et analysé les études publiées ces dernières années à propos de l’effet de l’huile de noix de coco sur le cholestérol sanguin. Au total, 16 études cliniques ont été analysées.
Voici les résultats principaux :
- D’après l’analyse de 16 études cliniques, la consommation d’huile de noix de coco augmenterait significativement les niveaux de lipoprotéines de faible densité (LDL), autrement dit, le mauvais cholestérol, comparativement à d’autres huiles non tropicales (soya, olive, carthame et canola). Cela serait en partie dû à son contenu élevé en gras saturés (1,2).
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- Pour ceux qui veulent des chiffres, le cholestérol total était augmenté de 14,69 mg/dL, le cholestérol LDL de 10,47 mg/dL et le cholestérol HDL de 4 mg/dL. Ces différences étaient encore significatives malgré le fait que les chercheurs avaient écarté les résultats des études non randomisées ou de piètre qualité.
- L’huile de noix de coco n’aurait pas d’effets positifs sur les niveaux de triglycérides, la glycémie, les marqueurs inflammatoires, ni l’adiposité, comparativement aux huiles non tropicales (1).
- Comparativement à l’huile de palme, l’huile de noix de coco augmenterait significativement les niveaux de LDL, de HDL et de cholestérol total (1).
- Comparativement au beurre, l’huile de noix de coco diminuerait significativement les niveaux de LDL et augmenterait les niveaux de HDL. Cependant, UNE seule étude s’est attardée au beurre et les chercheurs avaient fourni les matières grasses pour la cuisson aux participants, ce qui a pu influencer leur choix et leur adhésion au protocole (1).
- Malgré le fait que l’huile de noix de coco augmenterait également les niveaux de HDL (bon cholestérol), il ne s’agirait pas d’une stratégie gagnante pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires (1).

Qu’en est-il de l’huile de noix de coco extra-vierge ?
Il est parfois rapporté que les polyphénols retrouvés dans ce type d’huile de noix de coco seraient bénéfiques sur la glycémie et l’inflammation. Or, les chercheurs n’ont pas pu tirer de conclusions claires, car la plupart des études n’ont pas rapporté le type d’huile de noix de coco utilisé dans leur protocole (1).
Les diètes des populations tropicales sont différentes de la diète occidentale
Qu’en est-il des populations indigènes qui consomment beaucoup de noix de coco ? Logiquement,ils devraient avoir une incidence très élevée de maladies cardiovasculaires… Cette association n’est pas si simple. Oui, certaines populations indigènes ont de faibles taux de maladies cardiaques malgré une consommation abondante de noix de coco. MAIS, il faut s’attarder également à leur alimentation dans son ensemble, qui diffère de celle occidentale.
Les chercheurs ont souligné que ces groupes ont des habitudes alimentaires différentes de celles du régime occidental moyen: ils consomment plus de poissons et moins d’aliments transformés. De plus, leur alimentation traditionnelle contient de la chair de noix de coco crue ou de la crème de noix de coco pressée, qui sont moins riches en gras saturés que l’huile de noix de coco (1,2).
Quoi retenir ?
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Malgré la popularité de l’huile de noix de coco pour ses supposés bénéfices sur la santé, elle n’offre aucun avantage prouvé pour la santé par rapport aux autres huiles non tropicale et semble influencer négativement les niveaux de cholestérol sanguin.
- L’huile de noix de coco ne devrait pas être vue comme un choix sain dans le but d’améliorer les taux de cholestérol sanguin et de diminuer le risque de maladies cardiovasculaires. En tant que telle, l’approche prudente serait de l’éviter par rapport à d’autres huiles, telles que l’huile d’olive.
Références citées:
- Nithya Neelakantan, Jowy Yi Hoong Seah, Rob M. van Dam, The Effect of Coconut Oil Consumption on Cardiovascular Risk Factors A Systematic Review and Meta-Analysis of Clinical Trials, Circulation. 2020;141:803–814. Disponible ici : https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.119.043052
- Abbasi J. Coconut Oil’s Health Halo a Mirage, Clinical Trials Suggest. JAMA. 2020;323(16):1540–1541. doi:10.1001/jama.2020.5186. Disponible ici : https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2764429?utm_source=facebook&utm_campaign=content-shareicons&utm_content=article_engagement&utm_medium=social&utm_term=041020&fbclid=IwAR1QI1yiUWVfPjWdqTnN2C1ODlr9DV0xHVi3heUrr87Y5QlfTUWxD0K0z6I#.XpDHXauiokU.facebook