Il est bien connu que la consommation d’antioxydants, ces substances que l’on retrouve majoritairement dans les légumes et les fruits, est importante dans l’optimisation de la santé. Les antioxydants (de sources alimentaires) joueraient un rôle protecteur contre le vieillissement, certains types de cancers et certaines maladies. Il est souvent stipulé que la supplémentation en antioxydants serait bénéfique, entre autres chez les individus actifs. L’activité physique en soi, est productrice de radicaux libres (aussi appelés oxydants), dont les reactive oxygen species (ROS), que l’on peut qualifier de « résidus hyperactifs ». Ces substances s’accumulent et causent le phénomène appelé stress oxydatif qui pourrait causer des dommages à diverses cellules, comme les cellules musculaires.
Les antioxydants ont naturellement pour fonction de « neutraliser » ces « résidus hyperactifs » et de faciliter leur élimination.
Or, c’est pour ces raisons qu’il est souvent suggéré aux athlètes et gens actifs de prendre des suppléments d’antioxydants. Cependant, est-ce vraiment bénéfique ? Selon une récente étude sur le sujet, non. Et même que cela pourrait être nuisible dans un contexte de prise de masse musculaire.

Il est important ici de noter que je parle de suppléments d’antioxydants (vitamine C, E, greens), pas d’antioxydants provenant naturellement des aliments. Par conséquent, il est difficile, quasi impossible d’atteindre des doses trop élevées via l’alimentation seule.
Bref, une étude publiée récemment dans le International journal of exercise science a examiné les impacts de la combinaison d’un entraînement en résistance et d’un supplément d’antioxydants sur la masse maigre et la masse grasse.
Les sujets à l’étude étaient des femmes. Un total de 33 femmes, âgées en moyenne de 23 ans, ont été divisées en 3 groupes. Le groupe 1 recevait les suppléments (1 g de vitamine C et 400 UI de vitamine E). Le groupe 2 recevait un placebo et le groupe 3 était le groupe contrôle. Les groupes 1 et 2 suivaient le même programme d’entrainement pendant 10 semaines.
Les résultats suggèrent que l’utilisation chronique de suppléments d’antioxydants pourrait altérer la croissance et la prise de masse musculaire, ainsi que la perte de gras chez les jeunes femmes.
Le mécanisme suggéré qui sous-tend cette relation est que les antioxydants consommés réduiraient les reactive oxygen species (ROS), qui agiraient en tant que régulateurs de la croissance musculaire. Leur diminution/suppression pourrait donc limiter l’hypertrophie musculaire.
Bien sûr, l’étude en question comporte plusieurs limitations. De plus, la recherche dans ce domaine est encore très limitée et ces résultats doivent être interprétés avec prudence. D’autres études sont donc nécessaires afin d’établir des recommandations solides.
Je considère qu’il est pertinent de soulever que l’étude a été réalisée chez des femmes. Il y a encore trop peu d’étude dans le domaine de la nutrition et de l’entraînement dont les sujets sont des femmes. Un pas de plus dans la bonne direction ! Pour ma part, je suis très intéressée à voir plus de recherche dans ce domaine. Il est possible que les impacts constatés soient mineurs au final, mais pour les individus qui cherchent à optimiser leurs résultats, cela pourrait être pertinent. Tous ces détails mineurs finissent par s’additionner, donc faire des choix judicieux peut faire une différence sur le long terme.
Comme pour plusieurs éléments en nutrition, la dose est toujours à considérer. Avec modération, elle peut être adéquate, et en excès, elle peut être potentiellement nocive ou inutile.
Référence:
Dutra, M. T., Alex, S., Silva, A. F., Brown, L. E., & Bottaro, M. (2019). Antioxidant Supplementation Impairs Changes in Body Composition Induced by Strength Training in Young Women. International journal of exercise science, 12(2), 287–296.